Haut lieu du patrimoine, la rénovation de la Maison des Baillis à Nismes ne pouvait qu’exiger une étude approfondie. Depuis les prémisses du projet en 1997 jusqu’à la fin des travaux en 2002, l’architecte Philippe Jaspard n’a eu de cesse de chercher les solutions à la fois respectueuses du passé et en adéquation avec les attentes de modernité de tout bâtiment contemporain public.
« La Maison des Baillis était un musée qui n’était pas loin de dépérir lorsque l’on a commencé à travailler sur ce dossier », nous raconte l’architecte. Bénéficiant d’un subside de la Région Wallonne pour la remise en état, toutes les parties se sont alors mises autour de la table pour inventer la réhabilitation du lieu en espace exemplaire et pouvant accueillir différents organismes tels que le Service du Parc Naturel du Viroin, l’Office du Tourisme ou encore la Maison de l’Urbanisme. Autant de rencontres qui se seront étalées sur plus d’un an et demi. « C’était une maison de notables locaux remontant au début du17ième siècle. De nombreuses transformations avaient déjà été réalisées au 18 ième et au 19ième siècle. Il fallait étudier le lieu tant du point de vue de son potentiel architectural que de l’utilisation optimale des espaces intérieurs. »
Autre aspect et non des moindres, le lieu devait répondre aux normes de sécurité incendie et d’accessibilité pour le grand public, en ce compris l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. « A un moment, nous avons imaginé des versions de la rénovation avec un ascenseur pour permettre l’accès aux étages, mais nous avons finalement opté pour des guichets maintenus au rez-de-chaussée afin de ne pas déformer le bâtiment. »
Et Philippe Jaspard de détailler encore les autres démarches pour rester dans l’esprit du lieu tel que l’utilisation d’enduits à la chaux ou le placement de châssis en bois. « Par contre, nous avons choisi de supprimer l’annexe arrière dont le potentiel nous paraissait beaucoup moins intéressant. »
En alliant le respect du patrimoine avec l’envie de modernité, quelques idées plus audacieuses ont ainsi vu le jour. Pour la sortie de secours à partir des étages, l’architecte a préféré au placement d’un escalier extérieur (et potentiellement disgracieux) la réalisation d’une passerelle depuis un auvent cintré, très léger en zinc ancré dans la toiture et qui mène directement vers les ruines de l’ancienne église Saint Lambert.
La réutilisation de chaque espace à l’intérieur répond encore à cette philosophie. « Deux exemples : l’ancienne cuisine a été transformée en cafétéria et nous y avons gardé un bac en pierre en guise d’évier. De même, sous les toits, nous avons installé une salle de réunion avec une verrière faitière (en ardoises en verre) pour que la pièce bénéficie d’une lumière naturelle et diffuse. »
Chaque ajout a été pensé de façon à mettre en évidence l’existant tout en évitant de le détériorer. Enfin, si la réhabilitation a été finalisée en 2002, il n’en reste pas moins que de nombreux efforts en terme d’isolation ont été mis en œuvre afin d’améliorer les performances thermiques du bâtiment.