Rénovation d’une ancienne ferme en maison unifamiliale et 3 chambres d’hôtes


A la base de cette superbe rénovation, un couple cherchant depuis des années une ferme en carré pour y installer leur nouveau logement et proposer des chambres d’hôtes. Lorsqu’en 2013, ils découvrent cette demeure située à Gesves, commune proche de la vallée du Samson, ils savent qu’ils ont trouvé leur bonheur.

Le bien, dont les éléments initiaux datent de 1714 et le corps de logis de 1870, est inscrit comme monument au patrimoine culturel immobilier de Wallonie. L’ensemble de la ferme, d’une superficie de 2500 m2, s’articule autour d’une cour irrégulière. Le corps de logis est complété à la gauche de la cour par une grange d’un volume important, et à la droite par les anciennes écuries (ces bâtiments feront l’objet de travaux ultérieurs).

Intéressons-nous au corps de logis qui a fait l’objet d’une récente rénovation, d’avril 2014 à décembre 2015. Inhabité durant plusieurs années, le bâtiment, bien que sain, est au moment de l’achat dans un état très rustique. Cela n’effraie pas les propriétaires qui confient à Marie-Eve Lejuste, architecte à Namur, le soin de piloter le chantier. « Les propriétaires avaient une imposition : que les matériaux utilisés soient d’origine naturelle, provenant si possible de ressources locales et soient durables. Cette demande initiale a rendu en fait le projet très intéressant en termes de partenariat pour la recherche des matériaux qui conviendraient le mieux. »

Pour l’isolation des murs extérieurs, réalisée par l’intérieur pour préserver l’aspect originel de la façade en moellons de grès, le choix se porte sur le liège, à la fois pour sa facilité de pose, ses qualités isolantes et acoustiques et sa résistance au feu et à l’humidité. Une épaisseur de 6 cm de liège est fixée sur la paroi intérieure des murs, avec un retour d’un 1 m sur les murs de refend pour éviter tout pont thermique.

Le liège se retrouve également dans le tour des baies vitrées, et dans le plancher du 1er étage, via une épaisseur de 3 cm. Le sol du rez-de-chaussée est isolé par le plafond de la cave, via, légère dérogation pour des raisons pratiques aux matériaux purement naturels, une projection de mousse expansive icynène, cousine plus écologique du polyuréthane. Les plafonds du rez-de-chaussée et des étages sont finis avec des plaques de Fermacell et un enduit à la chaux.

A propos d’enduits, les murs de l’ensemble du bâtiment ont été recouverts sur leur face intérieure à la chaux ou à l’argile par le propriétaire, matériaux sains et régulant l’hygrométrie des pièces de manière performante. L’argile a été utilisée pour les murs qui accueillent le chauffage mural, un réseau de tuyaux où circule l’eau chaude, passant en forme de serpentin au sein de la couche de base de l’argile. Un système rare mais qui a des avantages. « Au départ, j’avais proposé un chauffage par le sol, mais les propriétaires tenaient à un chauffage mural, pour une question de sensation de confort bien plus agréable. Je dois dire qu’ils ont eu raison. » A propos du chauffage, il est assuré par une chaudière au bois, alimentée manuellement au moyen de bûches. Un ballon d’eau chaude de 2000 litres assure l’alimentation du circuit de chauffage et de l’eau chaude sanitaire. La consommation, pour une surface habitable de 580 m2, est estimée entre 30 et 45 stères, en fonction de l’occupation ou non des chambres d’hôtes.

Ces dernières portent des noms évocateurs, en lien avec la fibre naturelle des maîtres d’ouvrage et des matériaux utilisés dans chacune d’entre elles : « Chanvre », « Chaux » et « Charme ». Elles sont localisées dans les combles du corps de logis et, en plus de l’agrément des matériaux naturels, bénéficient de tout le charme et du cachet des poutres de l’ancienne charpente, laissées apparentes. Leur accès se fait de manière indépendante du logement des propriétaires, via une entrée dans une annexe au corps de logis, qui comprend également la salle commune.

La toiture a fait l’objet d’une rénovation partielle. Relevant de travaux précédents, la couverture en ardoise et le pare-pluie étaient encore en bon état, et n’ont pas dû faire l’objet d’un remaniement. La charpente, par contre, a vu ses chevrons doublés avec des poutrelles en « I », passage obligé afin d’assurer une épaisseur d’isolant suffisante via 25 cm d’ouate de cellulose insufflée.

Au niveau des ouvrants extérieurs, les châssis sont neufs et en méranti, recouverts d’une double couche de peinture. Certaines menuiseries intérieures (parquets, quelques portes, escaliers) ainsi que de nombreux mobiliers intérieurs ont été réalisés par le propriétaire, qui a décidemment bien mis la main à la pâte.

Vu l’âge du bâtiment, l’électricité et les sanitaires ont dû être entièrement refaits. A noter que les propriétaires ont installé un télérupteur bipolaire dans toutes les chambres, afin de ne pas subir les champs magnétiques, dûs au réseau électrique, durant leur sommeil. Dans le même ordre d’idée, si des panneaux photovoltaïques sont installés dans le futur, ils ne seront pas disposés au-dessus de leur chambre.

En définitive un chantier remarquable qui aura convaincu l’architecte des nombreuses qualités des enduits naturels, et des propriétaires respectueux du patrimoine ancien et soucieux de travailler avec des matériaux durables, nobles et naturels.


Type de bâtiment : Habitat individuel avec chambres d’hôtes
Localité : Gesves (Belgique)
Surface du bâtiment : 580 m2 rénovés
Date de construction initiale : 1870
Date de rénovation : 2014-2015
Consommation énergétique (Kwh/m²/an) : 115 kwh/m²/an

Architecte :
Lejuste Architecte sprl www.lejustearchitecte.be

Entreprises ayant collaborés au projet :
Artebat sprl (gros-œuvre)
Optimex (chauffage)
Menuisol (menuiseries extérieures)
Jacques Marin (tailleur de pierre)

Isolants utilisés et épaisseur :
Toit : Cellulose insufflée (25 cm)
Murs : Isolation intérieure : plaques de liège collées et fixées mécaniquement (6 cm)
Planchers : Plaques de Liège (3 cm), mousse expansive (10 cm)

COPYRIGHT PHOTO : whitevision

Sur le même sujet : Histoires de rénovation