Dans un article précédent, nous évoquions une réalité alarmante : six des neuf limites planétaires identifiées par les scientifiques sont déjà dépassées. Face à cette course contre la montre pour préserver l’équilibre global, chaque secteur d’activité humaine doit repenser ses pratiques pour rester dans les frontières écologiques. Le domaine de la rénovation du bâti, à la fois énergivore et générateur de déchets, figure parmi les priorités absolues.
Mais comment répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité tout en respectant les limites de notre planète ? C’est ici qu’intervient la théorie du “Donut”.
La théorie du “Donut” : un modèle pour un avenir durable
Proposée en 2012 par Kate Raworth dans Doughnut Economics : Seven Ways to Think Like a 21st-Century Economist, la théorie du “Donut” est une boussole, une grille de lecture novatrice pour conjuguer développement humain et respect des équilibres planétaires.
Imaginez un donut 🍩 :
-* L’intérieur du donut symbolise le plancher social, c’est-à-dire les besoins humains essentiels (santé, éducation, logement, etc.) qui doivent être garantis pour tous.
- L’extérieur du donut représente le plafond écologique, fixant les limites planétaires à ne pas dépasser (préservation de la biodiversité, stabilisation du climat, respect du cycle de l’eau, etc.).
Entre ces deux frontières se trouve “l’anneau du donut”, une zone d’équilibre où l’humanité peut prospérer sans compromettre l’avenir de la planète.
Rénover dans l’anneau du donut : sobriété et circularité
Appliquer la théorie du “Donut” à la rénovation du bâti, c’est :
- Garantir des logements accessibles, sains, confortables et adaptés à tous, en particulier face à la hausse des précarités énergétiques.
- Réduire l’impact environnemental en priorisant des matériaux locaux, biosourcés ou recyclés, tout en limitant l’extraction de nouvelles ressources.
Cela se traduit par une transformation profonde des pratiques actuelles, qui passe par :
- La circularité des matériaux : réemployer les ressources issues des bâtiments existants pour réduire la pression sur les ressources naturelles et limiter les déchets.
- Une rénovation bas carbone : privilégier des techniques et matériaux qui réduisent l’empreinte carbone et les impactes sur les milieux, depuis l’extraction de la matière jusqu’à la fin de vie des bâtiments.
- Une approche systémique : penser les rénovations en intégrant les besoins des habitants, les infrastructures locales et les enjeux climatiques.
La circularité des matériaux : un impératif écologique
Le secteur du bâtiment est responsable de 40 % des émissions mondiales de CO₂, consomme une part massive des ressources naturelles et génère un tiers des déchets produits.
La circularité des matériaux offre des solutions clés pour réduire cet impact.
Elle permet de :
- Donner une seconde vie aux bâtiments et prolonger leur utilité.
- Diminuer l’empreinte écologique en limitant l’extraction de matières premières et en réduisant les émissions liées au transport et à la fabrication des matériaux.
- Réduire les déchets, évitant leur enfouissement ou incinération.
- Stimuler l’économie locale et résiliente, grâce à des filières de réemploi et de transformation...
Penser à l’échelle des territoires : une rénovation collaborative
La théorie du “Donut” pousse aussi à penser la rénovation à l’échelle des territoires. Comment encourager la collaboration entre acteurs locaux (collectivités, entreprises, associations, habitants) pour intégrer ces principes ? Quels dispositifs financiers ou réglementaires peuvent favoriser la rénovation bas carbone, circulaire et inclusive ? Quelles innovations techniques mais aussi sociales faut-il porter ?
Autant de questions auxquelles des initiatives comme les projets Interreg ou les démarches participatives locales peuvent répondre.
Un avenir désirable dans l’anneau du donut
Appliquer la théorie du “Donut” à la rénovation du bâti, c’est bâtir un futur où l’humanité et la planète coexistent en harmonie. C’est concevoir des bâtiments qui répondent aux besoins des générations présentes et futures, sans dépasser les limites écologiques.
Aujourd’hui, avec des outils comme les matériaux et systèmes à faible intensité carbone, la gestion raisonnée des ressources, la circularité des matériaux… nous avons l’opportunité de réinventer nos bâtiments tout en respectant les limites écologiques.
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Exemple d’application de la théorie du Donut :
La théorie du Donut, une boussole pour penser l’avenir de nos territoires ? Découvrez son application par la Ville de Grenoble
La théorie du Donut expliquée par Kate Raworth